versus...

Publié le par jeanphi

Je ne sais pas vraiment quoi penser de cette chronique du vendredi matin que France Inter a mis en place à 7h15.
Elle oppose, frontalement (on les imagine bien, face à face, de part et d’autre d’une table ronde, avec le patelin Paoli – ou le débonnaire Weill – souriant aux deux avec équanimité), côté jardin, Bernard Maris à, côté cour, Jean-Marc Sylvestre.
Leur échanges sont certes moins philippiques que ceux de Laurent Joffrin et de Philippe Tesson (le samedi à 8h15), mais il y a eu, dès le début, dans le choix des deux contradicteurs, une évidente volonté d’irréconciliation assumée. En fait, on peut se demander s’ils ne se sont pas engagés, contractuellement, à ne jamais tomber d’accord. Sur rien. Sur tout. Vous me direz, on a du mal à imaginer Sylvestre, le chantre du libéralisme, de la déréglementation, de la flexibilité, des critères de convergences (j’arrête là l’énumération) s’accorder avec celui aussi connu sous le nom de Onc Bernard lorsqu’il écrit dans Charlie Hebdo.
Et pourtant, souvenez-vous de cette époque, pas si ancienne où, victime d’un accident, Sylvestre avait été sauvé par la médecine publique, par ce même système qu’il n’oublie jamais de brocarder. Il s’en était suivi une période d’état de grâce durant laquelle, tel un St Paul ayant vu la lumière sur la route de Damas, Jean-Marc ne jurait que par les bienfaits et l’efficacité du système hospitalier public français. C’était aussi soudain et perturbant que Chirac parlant de fracture sociale, ou Raffarin hier soir vantant la réforme (la sienne, pas celle de son ministre) de l’Ecole. Mais, comme tous les états intermédiaires, en analyse politique comme dans n’importe quelle relation amoureuse, vient un temps où les endorphines cessent de troubler le jugement de l’impétrant. Et Sylvestre est redevenu cet émule de Jean-Pierre Gaillard, ce porte-parole officieux du medef que France Inter, dans un souci d’équilibre (un Sylvestre pour un Mermet ?), conserve à l’antenne malgré la situation socio-économique du pays.
Or donc, ce matin (et vous pouvez réécouter cet échange grâce à ce lien), les deux vaillants adversaires (pas de coups bas et vous cessez le combat quand je le dis), débattaient (j’ai hésité à mettre des guillemets là) de... attendez... non ! j’ai déjà oublié de quoi ils parlaient... ah si !
Or donc, nos deux antagonistes au fair play tout bbc (sûrement un absolu vers lequel Paoli et Weill aimeraient tendre mais qu’ils n’atteindront jamais : trop de pipes taillées en trop peu de temps), ont discouru sur la nomination de Wolfowitz à la tête de la Banque Mondiale et de la question de l’eau. Ce qu’ils en ont dit, je ne vais pas le répéter car ce sont des positions connues et attendues. Non, ce qui est troublant (mais bon, ce n’est pas France Culture non plus), c’est que cela ne dure que dix minutes, avant de passer le relais à l’excellent Vincent Josse.
Dix minutes pour dire trois conneries sur le fait que Bush a placé son bras droit symbole de l’échappée laide en Irak aux commandes de l’organisme qui a, du fait de sa capacité à accorder ou non des crédits aux pays du Sud, droit de vie et de mort sur des millions d’hommes et de femmes.
Dix minutes pour évoquer le fait que l’eau, bien avant le pétrole, est une ressource limitée, rare et chère, et que si rien n’est fait pour la réguler en la mettant hors de portée des transnationales (qui ont déjà les choses bien en main), nous courrons droit à une catastrophe d’ampleur inimaginable (sauf par les auteurs de sf...).
Dix minutes. C’est aussi ridicule que le “débat” qui a lieu tous les jours de la semaine ouvrée sur le plateau du jité de france 2. Mais Hondelatte était un transfuge de France Inter, la radio où les idées doivent pouvoir s’exprimer vite et si possible caricaturalement. Heureusement, il y a encore Mermet et Là-bas si j’y suis.
Dum spiro, spero...

Publié dans c'est pas faux...

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