without a trace

Publié le par jeanphi

Si la série a été crée par Hank Steinberg il est impossible de ne pas discerner dans Without A Trace un schéma narratif analogue à celui développé dans Crime Scene Investigation [Les Experts].
Et la raison en est probablement aussi que les toutes les deux ont le même producteur exécutif : Jerry Bruckheimer.
Après une carrière solidement établie, d’abord avec son acolyte Don Simpson, puis en solo, Bruckheimer, tout en continuant à produire des films, c’est comme les autres tourné vers le petit écran. Avec bonheur.
Si les frères Scott produisent Numb3rs, si Coppola est derrière les 4400 ou Danny de Vito dans les jeans de Karen Cisco, c’est Jerry Bruckheimer qui a su le mieux, en s’entourant d’équipes efficaces, tant techniquement que créativement, et il faut bien le dire, en ayant du flair, développer les séries les plus dynamiques.
Et cela donne, dans l’ordre de leur apparition, CSI, CSI : Miami, Just Legal (2005, annulée aussitôt, faute d’audience), Cold Case, Without A Trace, CSI : NY [Les Experts Manhattan], E-ring, Justice, Modern Men ou encore Close To Home. De toutes ces séries, soit une bonne dizaine en quelques années, c’est évidemment CSI qui a, a eu, et a encore le plus de succès. Celui-ci explique, sans l’excuser à mon sens, le gâchis que représente son spin-off floridien, mais justifie, avec des réserves, l’autre série dérivée, la new-yorkaise (et ce en dépit de Sinise). C’est surtout que par delà les prouesses techniques et le regain d’intérêt populaire pour les séries policières, Bruckheimer et ses équipes ont paradoxalement renoué avec une approche déjà à savoir celle de Quinn Martin.
Souvenez-vous, du moins les trentenaires tardifs, Quinn Martin était le producteur de séries à succès comme The Untouchables [Les Incorruptibles], The Fugitive, The Invaders [Les Envahisseurs], Cannon, The Streets of San Francisco... Toutes ces séries avaient en commun d’être découpées, ostensiblement, en actes dont les titres étaient annoncés par intertitre et voix-off après, on le devniait, chaque coupure publicitaire. Le générique, après le premier acte, présentait d’ailleurs, à chaque fois, les interprètes, les fameuses guest-stars ou comédiens invités, de l’épisode du jour. C’est que Quinn avait compris très tôt qu’il fallait jouer sur les coupures imposées pour en faire des leviers narratifs. De fait, chaque acte se concluait sur un rebondissement qui obligeait le téléspectateur à attendre la suite avec impatience. Le rythme, du coup, loin d’être saccadé comme un banal film d’action, était équilibré, donnant au récit une homogénéité, une inéluctabilité et, surtout, une lisibilité qui contribua au succès populaire de ces séries.
Et voilà comment, Bruckheimer, sans recourir aux intertitres et à la voix-off, a reinventé la méthode Quinn Martin ; chaque épisode de ses séries suit le même schéma : présentation de la victime, générique, premières constatations et pistes, poursuite des pistes et présentation du suspect, résolution de la situation. Vous me direz que c’est, à peu de choses près, un schéma narratif standard tel qu’on l’enseigne encore en collège et lycée, mais c’est surtout une formule qui a fait ses preuves !
Mais ce que Bruckheimer a apporté à la vieille métode QM c’est une certaine dose de modernité, tant audiovisuelle que scénaristique. Le succès des chaînes du cable (HBO, FX, SCI-FI ou USA NETWORK) ainsi que celui des séries dérivées de Law and Order, oblige en effet désormais à soigner plus que jamais scénario et construction des personnages de manière à les rendre plus crédibles, plus sensibles, plus en phase avec la société américaine. Les téléspectateurs attendent davantage de leurs séries, et Bruckheimer l’a bien compris qui, par exemple, sait flatter les bas instincts des uns (CSI : Miami) et l’humanité des autres (Cold Case).
Le cas, j’y arrive enfin !, de Without A Trace est symptomatique de cette évolution-là, ainsi que de la dynamique générale des séries Bruckheimer. Si elle respecte la dramaturgie évoquée ci-dessus, elle joue par ailleurs sur plusieurs plans concommitants.
Je m’explique : la série présente les enquêtes de l’unité new-yorkaise du FBI spécialisée dans les disparitions (FBI missing person), qu’il s’agisse d’enlèvements, d’assassinats ou de fugues. Le facteur temps est décisif et il est présent en début de chaque acte par un intertitre (ben il y en a alors, auant pour moi !) indiquant le nombre d’heures écolué depuis la disparition. Chaque épisode est donc une course contre la montre ne se concluant pas toujours de façon heureuse. Et c’est là où la série en rejoint d’autres, et je pense tant à Cold Case qu’à, surtout, CSI : le but est de résoudre le mystère, pas nécessairement par un happy-end.
L’autre aspect frappant est la composition des équipes : chacune des séries-phare (CSI, Cold Case, Without A Trace) est un ensemble show, c’est-à-dire une série reposant sur un même ensemble de personnages récurrents dont on suit les interractions professionnelles comme personnelles. La réussité de telles séries, et je pense immédiatement à des réussites comme NYPD Blue, The West Wing ou E.R. [Urgences], tient non seulement à la “bible” de chaque série (le corpus d’informations relatives à la biographie de chaque personnage), mais surtout à leur interprétation.
Le succès des séries de Bruckheimer tient donc au choix et au jeu des comédiens récurrents ainsi, clin d’oeil à Quinn Martin oblige, aux guest-stars de chaque épisode. Pas de CSI sans William Petersen en Grissom, pas de Cold Case sans Kathryn Morris. Et pas de Without A Trace sans Anthony LaPaglia.
Enfin, il y a une cohérence évidente entre ces trois séries qui cherchent toutes, pas des moyens différents, à aboutir au même résultat. Ce sont toutes des séries archéologiques dans lesquelles le terrain va permettre aux enquêteurs de faire parler le passé au présent. Mais là où la ressemblance est la plus troublante, c’est entre CSI et Without A Trace. En effet, si Cold Case est un faux-ensemble show prétexte aux aventures de Lily Rush, il y a à mon sens de vraies similitudes entre les membres des équipes des deux autres. Jack Malone est un Grissom qui se serait marié et aurait eu des enfants, Vivian Johnson est une Catherine Willows beaucoup plus réservée, Danny Taylor est un Nick Stokes latino, Martin Fitzgerald un Warrick Brown blanc, et, enfin, Samantha Spade est une Sara Sidle moins névrosée – et blonde. Chacun joue son rôle dans l’équipe, avec son caractère et son histoire personnelle, sous l’égide pas toujours bienveillante de Jack Malone. Car le point essentiel pour qui a déjà vu les saisons 1 et 2 de la série est la question des relations de Sam Spade, avec son patron dans la 1, puis avec Martin dans la 2, sur fond de divorce de Jack Malone et de ses conséquences. Là où l’ambiguité joue à fond dans CSI entre Grissom et Sara, en particulier dans la saison 4, Without A Trace s’empare de la question à pleines mains, en faisant un ressort sous-jacent évident. Impossible de ne pas relever les sous-entendus dans les dialogues, les regards, les gestes, de Malone et de Spade dans la saison 1 sans avoir en tête cet aspect-là.
Et j'allais oublier le meilleur !
Si CSI est basée sur la recherches de preuves sur la scène de crime, si improbables soient-elles, afin de pouvoir arrêter le(s) tueur(s), Without A Trace, comme son nom l'indique en vo, est basé sur le prédicat contraire ; c'est en effet parce que, en apparence, le/la personne a disparu sans laisser aucune trace, que les agents vont s'évertuer à en découvrir. Comme le dit Grissom dans un épisode, parfois, l'absence de preuves constitue un début de preuve...
Et last but not the least, chaque série a son objet transitionnel favori : là où les experts passent leur temps à utiliser une lampe-torche avant de ramasser un truc avec un coton-tige, les agents du FBI ont l'oreille vissée à leur portable (ou leur oreillette) et, à l'époque des Blackberries, continuent à noter scrupuleusement ce qu'ils entendent dans des carnets !


Publié dans téléséries

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
christian > c'est pas fauxcarole > j'emmerde Aaron Spelling, ses séries et sa fille ; toi, ça va, c'est ton anniversaire :))))
Répondre
C
Je trouve que tu négliges de parler de la contribution des séries produites par Aaron Spelling, entre autre : TJ Hooker, et que du coup ton article est un peu trop léger....
Répondre
C
En tout cas, cette Poppy, qu'est-ce qu'elle est bonne !!!!!
Répondre
J
christian > chuis pas ouiquipaidia !
Répondre
C
ouais ben ça manque de précision ton truc.
Répondre