nid de guêpes...

Publié le par jeanphi

Quiconque suit ce blog avec une régularité soutenue se sera d’ores et déjà convaincu de ce que je suis pas amateur de production française, qu’elle soit télé ou cinévisuelle.

Sans me fendre d’un historique laborieux et discutable à loisir ou d’un argumentaire fastidieux des raisons qui l’explique, je me contenterai d’affirmer que, tout simplement, les Français, à quelques exceptions prêts, ont abandonné le créneau du film d’action aux Etatsuniens (1) et aux Zasiatiques (2).

Car hormis un Christophe Gans osant LE PACTE DES LOUPS, je ne vois bien que Florent Emilio Siri, le réalisateur de NID DE GUÊPES pour nous sauver de la lanterne rouge...

De quoi, vous ne connaissez pas NID DE GUÊPES ?

Aie ! c’te faute ! ! Bah ! heureusement que j’suis là pour vous aider à triompher de la honte éternelle... bon, d’accord, j’arrête. Alors, de quoi s’agit-il ?

En 1976, John Carpenter réalise ASSAULT ON PRECINT 13, un film sombre et paranoïaque en diable dans lequel de mystérieux assaillants prennent pour cible un commissariat sur le point d’être 
abandonné au cours d’une nuit, prenant en otage ses occupants : quelques policiers et des prisonniers, obligés, du coup, de se prêter main forte. Le film était un hommage appuyé au RIO BRAVO d’Howard Hawks de 1959, mais les “méchants” rappelaient davantage les zombies de Roméro que des figures de western.

Quoiqu’ayant plutôt mal visuellement vieilli, le film de Carpenter demeure solide, au point qu’une version, réalisée par un Français (jean-François Richet) a été produite (3).
Si j’évoque Carpenter c’est parce que NID DE GUÊPES est un hommage bien plus qu’appuyé à ASSAULT...
En effet, des malfrats à la petite semaine se retrouvent piégés avec des flics d’élite dans un entrepôt strasbourgeois la nuit du 14 juillet et assiégés par des tueurs albanais désirant délivrer leur chef détenu par les flics. La géographie des lieux, la direction des acteurs, la manière de filmer les cènes d’actions (fusillades, cascades...), les parti pris visuels (les lunettes de vision nocturne, les gros plans sur les yeux à la Léone...), la musique, le découpage narratif, j’en passe et des meilleures, tout dans ce film respire une fraîcheur, une maîtrise, le tout doublé d’une connaissance intime des règles du cinéma de genre qui en font une réussite qui, de vision en revision, continue à procurer les mêmes plaisirs malsains, la même jouissance perverse que tout amateur de cinéma d’action se doit bien d’assumer un jour ou l’autre. NID DE GUÊPES se paye le luxe de sortir très vite du tableau l’insupportable Samy Nacéri pour se consacrer sur le duo Benoit Magimel/Pascal Grégory tandis que Nadia Fares compte les points avec brio.
Mais revoir ce film crée aussi un malaise enquiquinant dans la mesure où il est un rappel emmerdant de ce que, faute d’idées ou de couilles, le cinéma français n’ose pas (plus ?) ce genre de film-là, ne se contentant de mouliner à vide (les TAXIs) ou d’essayer de faire des films à l’américaine comme Besson en produit à tours de bras. C’est crétin et dommageable parce que, alors que les Britanniques commencent à sortir de l’ornière en privilégiant les films efficaces made in chez eux (4) à l’instar d’un Guy Ritchie, les Français s’enlisent dans des sentiers battus par les corbeaux. et le pire, c’est que ce n’est pas le box-office qui va nous sauver de ce marasme vu que les spectateurs, pavloviens consentants, persistent à plébisciter des daubes avec un entrain de lemmings shootés aux métamphétamines...


(1) qui eux ont continué à piller et exfiltrer les talents là où ils apparaissaient, de l’Europe à l’Asie, y compris chez nous !
(2) néologisme perso pour désigner tout réalisateur né et/ou travaillant dans le triangle formé par le Japon, la Corée du Sud, Hongkong en passant par la Thaïlande.
(3) que je n’ai pas vue, pas encore du moins.
(4) un jour il faudra que je vous parle de DOG SOLDIERS...

ps : spécial cadeau de non-anniversaire pour carole : ça...

Publié dans c'est pas faux...

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C
blonde, brown> C'est meugnon....
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M
Blonde> oui, je m'en souviens bien...on y était allé au pif total d'ailleurs et on avait adoré... c'était notre premier ciné ensemble et ... snif...
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M
jeanphi> (attention : séquence nostalgie) en fait j'y suis allé avec Brown pour Dobermann et après on a bu des bières et avant aussi je crois, broooown t'es là ?
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J
Blonde aka cyclo > merci et tant mieux si ça t'a plu parce que se faire chier au cinéma c'est vraiment insupportable.
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M
jeanphi, brown> concernant Kounen, j'ai adoré Dobermann et je me suis fait chier devant Blueberry, sinon à part ça, vous me semblez en pleine forme<br />
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