les chars d'assaut de mon enfance...

Publié le par jeanphi

Il y a de cela quelques temps je m’émouvais ici de la pertinence d’une publicité censée inciter les téléspectateurs à acquérir une horloge suisse en pièces détachées. Je n’avais pas lancé une campagne ni quoi que ce soit même si, curieusement, ce texte avait reçu beaucoup de visites.
Depuis les choses ont comme qui dirait empiré.
Passons sur l’échiquier Astérix le Gaulois car pour être honnête, je préfère l’idée d’enfants jouant aux échecs qu’en train de singer Zidane en bas de chez eux.
Passons tout aussi vite sur les dînettes Titi ou Charlotte aux fraises, parce qu’il faut bien que jeunesse se fasse, et que la gastronomie, bordel, c’est tout de même un des bons trucs qui nous reste !
Passons encore, à la limite, sur la collection de figurines sur la vie des chiens car je respecte les gens qui collectionnent et qu’un chien en porcelaine assemblé et peint à la main par un ouvrier chinois est moins dangereux qu’un chien dressé pour tuer se baladant sans muselière.
Mais deux bornes ont été franchies qui, en ce moment particulier de l’année me donnent davantage de raisons de désespérer de la nature humaine.

D’une part, une publicité, adressée aux adultes mais diffusée toute la journée, propose d’acheter et de collectionner des répliques de chars de combats, à commencer par le Tigre allemand dont on peut voir les prouesses dans DE L’OR POUR LES BRAVES. Mais là où le film était une comédie antimilitariste, cette campagne vise à sublimer ces machines de guerre au même titre que, tout récemment encore, les répliques des automobiles des films de James Bond. Je vois d’ici la scène : un salon, avec une armoire vitrée à laquelle les enfants n’ont pas le droit de toucher et dans laquelle sont alignés tous les chars de la collection.
LE FILS. – Et celui-ci, pourquoi est-il célèbre papa ?
LE PÈRE. – Eh bien vois-tu fiston, c’est grâce à cette merveille de Tigre que les Allemands ont pu écraser la rébellion de Varsovie en 1944.
LE FILS. – Ça alors...

D’autre part, et comme si ça ne suffisait pas à l’édification des masses populaires, une autre publicité en appelle à une sorte de mystique matriarcale en proposant aux mères de se rapprocher de leur fille en construisant avec elle, semaine après semaine, “L’Ecole de mon enfance”. Soit une salle de classe avec bureaux en bois, et maîtresse à chignon toute droit sortie, au mieux d’un roman de Pagnol, au pire de La Petite Maison dans la prairie. Bien sûr, comme aucune mère de famille ayant, aujourd’hui, une enfant de moins de dix ans n’a connu pareille salle de classe, la publicité transgénérationnelle en appelle à la grand-mère, à charge pour elle de transmettre les tenants et les aboutissants de ce nouveau lieu de mémoire ! Putain, ça ne m’a fait penser qu’à une chose moi: à l’école de LES 400 COUPS de Truffaut, celle où l’instituteur en blouse jette des craies à la tête d’Antoine Doinel.
Quand est-ce que les maisons d’éditions et les publicitaires vont-ils arrêter de nous prendre pour des cons ?

Publié dans c'est pas faux...

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G
Joueur d'échecs, je vais craquer pour l'échiquier astérix. Je m'offre ainsi impunément un jouet tout en prétendant investir de manière adulte dans un objet de collection... Mais quel enfant va etre autorisé à pousser du bois (du plastique en fait) avec un jeu à 400 € ?
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J
carole > pas qu'on essaye de m'en vendre comme si c'étaient des godemichés !<br /> christian > admettons, c'était une licence poétique
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C
c'est pas sur Antoine Doinel, les craies.
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C
1- Quoi tu kiffes pas les chars d'assault....<br /> 2-Y'en a pour tous les gouts, les ptits gars et les chtites fifilles...<br /> 3-Jamais, tant que ça marche...ils vont pas s'arréter :(
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