scène de ma vie ordinaire
C'était aux alentours de midi quinze, hier, alors que j'achevais mon sandwich en lisant le premier numéro de l'excellent Causette. Une idée m'a soudain traversé l'esprit : je venais de repenser à Jean Favrais, mon professeur de mathématiques de quand j'étais en troisième. C'était un bonhomme à quelques encablures de la retraite, très old school avec blouse et gitane maïïs au bec dans la cour. Au moment du déjeuner, au lieu d'être avec ses collègues, il restait dans sa salle et prenait des élèves en aide. Des élèves volontaires. Des buses, quoi. Comme moi alors. Et je me souviens qu'il avait l'habitude de manger une pomme qu'il découpait très lentement avec un couteau tandis qu'il jetait un regard désabusé sur les productions que, penauds et craintifs, nous venions, à tour de rôle, lui exposer à son bureau. C'était en fait une vraie pâte camouflée en père fouettard. Et là, hier, je me suis dit que je n'étais pas loin de lui ressembler. La blouse, la gitane maïs et la proximité de la retraite en moins. Et les maths aussi, non mais ! |