once upon a honeymoon (1942)

Publié le par jifi

Peut-on rire du nazisme ? Pouvait-on en rire alors qu'il était une réalité ? Trois films, au moins, en leur temps, nous apportèrent leur réponse.

Le premier, THE GREAT DICTATOR [Le Dictateur, 1940] de Charles Chaplin, choisit de ne pas attaquer le sujet directement. Après tout, le pays n'était pas encore en guerre. L'Allemagne s'appelle la Tomanie et Hitler, Hynkel. Mais même en changeant les noms, les symboles et les bouc-émissaires, le message (voir le discours final) demeure le même. Chaplin voulait attirer l'attention des Américains sur le sort des Juifs et les dangers (la scène du globe terrestre) représentés par l'expansionnisme nazi. Il ne fut pas entendu. Il demeure un modèle du genre, alternant des moments de poésie, des scènes burlesques et des réflexions humanistes.

Fin 1941, Ersnt Lubitsch réalise TO BE OR NOT TO BE [Jeux dangereux] dans lequel une troupe de théâtre polonaise recueille un aviateur anglais alors que les Nazis envahissent la Pologne puis assistent la résistance polonaise en donnant à un de leurs comédiens, sosie d'Hitler, un rôle inattendu. Le film, hilarant et inégalé par sa finesse et sa vivacité, ne sortira en France qu'en 1947 et seulement en 1960 en Allemagne ! Tourné alors que le pays n'était pas encore en guerre, il est néanmoins un appel ardent à participer sous couvert d'une comédie légère.

Et puis, en 1942, Leo McCarey écrit, produit et réalise ONCE UPON A HONEYMOON [Lune de miel mouvementée].
Le film est pour le moins atypique dans la mesure où il mélange allègrement la screwball comedy (l'apect comédie romantique
foutraque) et le film à message (la dénonciation de l'expansionnisme nazi en Europe et le sort fait aux Juifs).
Au départ, un reporter américain en Europe (Cary Grant, dans un de ses meilleurs rôles) est chargé de couvrir les noces d'une américaine (Ginger Rogers) avec un aristocrate autrichien, le baron Von Luber (Walter Slezak, à côté de Grant sur la jaquette) ; le baron est en effet soupçonné d'être le représentant direct d'Hitler en Autriche.
Mais on est en 1938 et le mariage se retrouve contrarié par l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne. Cependant, là n'est pas le plus important car entre temps, on le comprend assez vite, le personnage de Grant est tombé amoureux de celui de Rogers. Et dès lors, ce dernier va s'accrocher à ses basques dans le but, d'abord, d'empêcher son mariage, puis de la séduire et de l'éloigner de Von Luber.
Le film va alors voyager en Tchécoslovaquie, en Pologne, en Norvège, jusqu'en France, au fur et à mesure des manigances de Von Luber et des Nazis. Des séquences d'images d'archives s'alternent, donnant au film un aspect quasi journalistique tandis que les échappées de Grant-Rogers les mettent au contact de la réalité de l'antisémitisme (la bonne de Rogers), le ghetto de varsovie...) donnant alors au film une gravité inattendue. Le film atteint son summum lorsque les amoureux se retrouvent à Paris...
Le film peut donc apparaître boîteux, donnant souvent l'impression de ne pas choisir entre franche comédie romantique (en quoi il est réussi) et dénonciation d'un système (on est plus près des documentaires Why We Fight produits par Capra pour l'armée américaine). Il demeure une rareté que je vous recommande.

ps : n'oubliez pas la devinette !

Publié dans amènes pellicules...

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