le labyrinthe de Del Toro

Publié le par jeanphi

C'est dans le commentaire audio de son HELLBOY que Guillermo del Toro commence à évoquer l'importance de la figure du labyrinthe. Il est en effet question du montage d'images du générique qui donne l'effet de circuler dans un labyrinthe. Plus tard, on retrouvera cette figure dans la séquence de la résurrection de Raspoutine (la figure sur laquelle le sang s'écoule), puis dans celle du cimetière russe. Del Toro parle alors du rôle du labyrinthe qui, loin d'être un lieu où l'on se perd (idée communément admise, admettez le), est selon lui un endroit où l'on se trouve, où l'on découvre sa voie.
Lorsque j'ai revu HELLBOY l'autre soir, je ne me souvenais plus de ses aspects qui m'ont d'autant plus parus évidents que je venais à peine de voir son EL LABERINTO DEL FAUNO.
Maladroitement traduit (comme dans les pays anglo-saxons) par Le labyrinthe de Pan (si Pan est un faune, tous les faunes ne sont pas Pan, et jamais l'on n'appelle celui du film par son nom), le dernier film de Del Toro est à la fois son meilleure et la quintescence des précédents.
Son meilleur, certes, mais avec lui, il faut à chaque fois relever la barre de ses exigences et tout me pousse personnellement à croire (et donc espérer) que le suivant sera meilleur encore quoique moins bien encore que celui d'après !
La quintescence parce qu'on y retrouve tous les thèmes, figures, obsessions de Del Toro, mis au service d'une histoire extraordinaire.
Avec son EL LABERINTO DEL FAUNO, il a choisi de poursuivre le sillon entamé en 2001 avec EL ESPINAZO DEL DIABLO [L'échine du diable], son film de fantômes se déroulant dans un orphelinat en pleine guerre d'Espagne. Le personnage central y était déjà un enfant à qui il était donné de percevoir deux réalités : celle du fantôme d'un ancien pensionnaire et celle de l'homme à tout faire de l'orphelinat, véritable ogre.
Dans EL LABERINTO DEL FAUNO, l'héroïne est une petite fille qui vit encore à cheval entre le monde merveilleux de ses livres remplis de fées et de monstres, et celui de l'Espagne de 1944 qui la voit obligée de suivre sa mère pour retrouver son beau-père, un officier franquiste.
Ce dernier, on le comprend rapidement, est le nouvel ogre de del Toro, un monstre d'efficacité, de minutie, et de barbarie. Il est brillamment interprété par Sergi Lopez qui, après ce rôle, n'a selon moi plus rien à prouver.
Del Toro s'est visiblement fait plaisir, sans chercher à atteindre un public en particulier.
En soignant le moindre détail, en ne négligeant rien, il a réalisé son film le plus abouti, le plus personnel.
Un peu comme si, à côté de ses films de genre tels que CRONOS, MIMIC ou BLADE II, il déployait lentement mais sûrement des films d'auteur comme EL ESPINOZA DEL DIABLO et ce EL LABERINTO DEL FAUNO dans lesquels il investirait autant d'énergie.
Mais il n'est pas non plus innocent de remarquer qu'il a fait ces deux films-là en Espagne, loin de Hollywood et de ses recettes.

Et on comprend combien il doit être difficile pour un tel auteur d'assouvir, par exemple, sa passion des comic-book en donnant vie au Hellboy de Mike Mignola sans tomber sous les fourches caudines des producteurs norte-americanos !

Publié dans amènes pellicules...

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